C’était dur après tout ça de repartir comme avant.

Pourtant les commandes affluaient et l’usine tournait de nouveau.

La direction était optimiste mais je n’avais plus confiance.

Ce nouveau nom, cette nouvelle image, j’avais du mal à y croire.

Je ne pouvais pas oublier les copains laissés sur le carreau et j’avais peur pour l’avenir.

Dans la papeterie j’étais bon, mais ailleurs ?

Je faisais quand même mon travail. J’étais attaché à mon métier.

Pour nous au service entretien, il s’agissait toujours de faire tourner les machines.

Mais on se rendait compte qu’on était un peu l’usine à papys.

L’usine n’était plus toute jeune non plus et était désormais encerclée par la ville.

Quand la direction nous a annoncé le rachat par les Américains en 1989, on s’est vraiment senti tout petit…

Mais quatre ans après, International Paper se débarrassait du site de Cran. Notre usine ne les intéressait pas...

À l’usine, on était de nouveau plein d’espoir.
La direction misait sur les papiers spéciaux, notamment l’emballage alimentaire. Ça semblait prometteur !

L’entreprise avait retrouvé une taille humaine et on se sentait de nouveau en famille.

En 1994, mon fils Pierre est embauché à la machine V.

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